N°1 de la série « Déclinaisons »
Août 2023
Installation en techniques mixtes
80 cm x 60 cm
Photographie originale prise à Carcans (Gironde) en juin 2023
Retouche numérique et impression sur aluminium
Néon, détecteur de mouvements, jerrican
Propos artistique
Le coucher de soleil demeure un des plus majestueux spectacles naturels accessible à toutes et tous. Les 283 millions publications Instagram publiées en 2022 avec le hashtag #sunset laissent supposer que les ciels aux tonalités rose orangée ne laissent pas insensibles une grande majorité de la population mondiale.
La beauté de ces moments uniques nous apaise, nous transporte, nous régénère. Cependant, peut-on encore s’extasier devant ces couchers de soleil aux couleurs de plus en plus saisissantes ? Que se cache-t-il derrière l’amplification de cette captivante vénusté ?
Plusieurs études laissent supposer que la pollution atmosphérique modifie sensiblement les couleurs du ciel, notamment dans les grandes villes. Selon différents articles publiés depuis 2007 (Scientific American / Worldatlas / Alternativi), les sublimes teintes épisodiques que nous contemplons seraient en partie dues aux polluants et aux particules fines présents dans l’air.
Alors que les impacts de cette altération sur la santé, l’écosystème et l’économie sont mesurés et avérés, c’est notre perception du beau qui serait ici sujet à études dans cet environnement singulier où le tragique supplante le sublime, l’harmonie côtoie l’effrayant, la contemplation frôle la culpabilité.
Si ce phénomène est à relativiser compte tenu des autres facteurs à prendre en considération, telle que les tempêtes de sable, il n’en demeure pas moins que cette quête du sensationnel chromatique constitue le prélude d’une réflexion amère, celle de la légitimité de l’extase dès lors que ce qui nous admirons relève d’un processus de dégradation atmosphérique en grande partie imputable à l’activité humaine.
L’égoïsme esthétique pourrait-il alors accentuer notre résilience climatique ?
Pour interpréter ce propos et interroger ainsi notre rapport au beau, notre moralité et nos responsabilités, Hu/Lie veut donner à voir cette beauté trompeuse sous la forme d’installations en techniques mixtes consacrées aux couchers de soleil des 10 lieux les plus pollués de France, photographiés lors d’alerte aux particules fines, à la manière d’un néophyte béat.
Dissimulées sous une attirance esthétique artificielle, à la chimie éclairée suite au passage de l’Homme, ces œuvres évoquent une projection dystopique de nos crépuscules, au sens propre comme au sens figuré, et laissent supposer l’aboutissement d’un développement toxique, lent, indétectable que seule notre volonté collective peut stopper et inverser.
Juin 2023, Carcans, Gironde, l’un des départements au taux de pollution atmosphérique les plus importants en France
1800,00 €
